Vélonomie

Abréviation suggestive de « vélo-autonomie », la vélonomie signifie le fait d’être autonome dans l’entretien et la réparation mécanique d’un vélo et plus largement dans sa capacité à se déplacer à vélo librement et sans entrave.

Pourquoi favoriser la pratique quotidienne du vélo ?

Sous la pression des activités humaines, l’état de santé des écosystèmes et des populations se dégrade à un rythme effréné et potentiellement irréversible1. En France, le phénomène de « précarité énergétique » (part importante du coût du logement et des transports dans le budget des ménages) que nous observons est un exemple révélateur du lien étroit qui existe entre les préoccupations écologiques et l’équité sociale.

Face à cette situation, le vélo, la marche à pied, le skate, etc. tous les modes de déplacement écologiques et économiques, peuvent jouer un rôle absolument essentiel.

Le vélo , c’est bon pour le porte monnaie

Le vélo est un mode de déplacement beaucoup plus économique que l’automobile.

Il permet de surcroît de gagner du temps pour les déplacements en ville où il est le mode le plus rapide pour les distances inférieures à 5 km. Pour les distances plus longues, l’intermodalité vélo-transports en commun est également très efficace aussi bien sur le plan économique que sur la rapidité.

Le vélo, c’est bon pour l’environnement

Le vélo est encore perçu essentiellement comme un sport ou un loisir, mais il constitue également une alternative crédible aux modes de transport polluants comme la voiture et les deux roues motorisées. La moitié des déplacements urbains en automobile fait moins de 3 kilomètres. Les avantages écologiques du vélo par rapport à la voiture ou les deux roues motorisées sont nombreux : préservation des ressources de la planète, pas de pollution atmosphérique ni d’émissions de gaz à effet de serre, pas de bruit, moins de consommation d’espace, etc.

Par ailleurs, certaines activités proposées par Cycles et Manivelles sont en lien étroit avec la lutte contre le gaspillage et la surconsommation ainsi que l’incitation au savoir-faire ensemble : réduction des déchets avec la collecte des vélos destinés à la déchetterie, ateliers réemploi et valorisation, etc.

Le vélo, c’est bon pour la santé et le bien être

« Ne pas faire de vélo nuit à la santé ! » Didier Tronchet

Une pratique régulière du vélo est bénéfique pour la santé : augmentation des capacités respiratoires, baisse de la tension, réduction du stress, etc. Bon nombre de maladies métaboliques (cholestérol, diabète, etc.) enregistrent une baisse notable de leurs taux. La pratique régulière et endurante combat efficacement les graisses et donc la surcharge pondérale. Par ailleurs, selon une étude récente, l’augmentation de la pratique du vélo fait baisser le nombre de kilomètres parcourus en voiture chaque année (et par la même occasion la probabilité d’accident), fait chuter l’émission de particules fines et donc le risque de maladies respiratoires. Enfin, il est essentiel d’associer la pratique du vélo à la notion de bien être général et de plaisir

Par ailleurs, en rompant avec la voiture individuelle, le vélo renforce les liens sociaux grâce, entre autres, à la re-découverte de la ville, du quartier, des habitants… L’expérience montre que le vélo facilite les échanges, dans la rue par exemple, et que les activités imaginées autour de sa pratique (ateliers coopératifs, événements festifs, animations, etc.) peuvent contribuer à (re)tisser des liens de proximité.

Autonomie – Échanges de savoirs – Education populaire

Les ateliers vélo participatifs et solidaires sont des lieux d’apprentissage et d’échanges de savoirs s’inscrivant dans la mouvance du « Do It Yourself – Do It Together » (Fais le toi même – Faisons le ensemble) et le courant de pensée de l’éducation populaire.

La méconnaissance en mécanique du cycle constitue un obstacle à sa pratique
En cas de problèmes mécaniques, de nombreux cyclistes, au lieu de résoudre le problème, préfèrent utiliser leur vélo abîmé. Ils risquent à terme d’accentuer les détériorations et occasionner des dégâts beaucoup plus graves. Ils se mettent aussi en danger lorsqu’ils roulent avec un vélo qui ne donne plus toutes les garanties de sécurité.

Il faut noter que la France se caractérise par de nombreuses ventes de vélos par an (environ 3 millions !) mais qu’ils sont, pour la plupart, de faible niveau de gamme, ce qui va de pair avec de grands besoins de maintenance et de réglages (freins, dérailleurs,…) ainsi que des réparations assez fréquentes.
Si la panne est très conséquente et que le vélo ne peut plus rouler, beaucoup d’usagers le mettent dans un coin en attendant de trouver un remède miracle. Souvent, le vélo, mis de côté ou « en attente » de bons soins, devient très vite un encombrant. En effet, il n’est pas toujours simple de réparer soi même son vélo ou même de le faire réparer à peu de frais et/ou à proximité de son domicile.

Exceptés les vélocistes, il existe très peu de lieux de conseils ou d’accompagnement pour aider les cyclistes en difficultés. Cette contrainte peut même définitivement décourager certains de poursuivre leur pratique du vélo. Quant aux non cyclistes, cela peut tout simplement les empêcher de se lancer.
Même parmi les cyclistes réguliers, beaucoup reconnaissent ne pas savoir entretenir correctement leurs vélos et surtout les réparer. Le réseau national des ateliers coopératifs, l’Heureux Cyclage (HC), a sur ce point réalisé une enquête en 2010 sur les compétences mécaniques des cyclistes qui démontre plusieurs choses.

Tout d’abord, les cyclistes adhérents d’un atelier vélo ont très logiquement beaucoup plus de compétences mécaniques que les autres. Ainsi, 60% des adhérents d’ateliers sont autonomes dans les réparations, alors qu’ils ne sont que 40% chez les non-adhérents. Par ailleurs, les adhérents d’atelier vélo sont des cyclistes plus efficaces dans la réparation de leur vélo. En cas de panne, leur vélo est réparé deux fois plus vite, ce qui leur permet de se déplacer plus fréquemment à vélo, notamment pour des trajets domicile-travail. Enfin, une grande majorité des répondants à l’enquête de l’HC (adhérents ou pas à un atelier) déclare avoir de toute façon envie d’apprendre à réparer son vélo.
C’est pourquoi, les ateliers vélo de proximité offrant un accompagnement dans l’apprentissage de la mécanique vélo constitue un levier très intéressant pour favoriser la pratique régulière du vélo et même permettre à des non-cyclistes de se mettre en selle.

De nombreux vélos deviennent trop vite des déchets

Avec environ 3 millions de vélos vendus par an, la France se situe en très bonne position sur la scène européenne et mondiale. Elle se place dans les 5 premiers consommateurs mondiaux par habitant derrière le Japon, les Pays-Bas et les États-Unis. En revanche la pratique du vélo, même si elle progresse doucement en France, reste très (trop !) faible, en tout cas très en deçà du Danemark, des Pays-Bas ou encore de l’Allemagne.

Si le nombre vélos/habitant est assez élevé en France (5,7 vélos pour 100 habitants) mais que la pratique du vélo l’est (proportionnellement) beaucoup moins, cela signifie que bon nombre de vélos sortent rarement ou dorment au garage. Les années passent et souvent, ces vélos vieillissants finissent à la poubelle pour être remplacés par des neufs. Dans ce cas de figure, le manque d’entretien ou la méconnaissance de petits réglages contribue à la détérioration des vélos. Mal, peu ou pas entretenus, ils se dégradent avec le temps et beaucoup finissent rapidement à la déchetterie.

Par ailleurs, une grande majorité des achats de vélo se fait sur les vélos bas de gamme, peu chers, ce qui, au moindre souci mécanique, les assimile quasiment à des produits « jetables ». La grande distribution met ainsi sur le marché des vélos qui ne servent en moyenne que 6 à 7 ans avant de finir à la déchetterie. Il faut également savoir que les normes de vélos évoluent assez rapidement et, pour les vélos les plus anciens, il n’est plus possible de trouver certaines pièces dans le commerce et donc de pouvoir les réparer. Très souvent, ces vélos, soit disant irréparables, deviennent des déchets. Les ateliers vélo qui ont aussi pour objet de stocker de nombreuses pièces détachées même les plus anciennes, peuvent ainsi dépanner les vieux vélos et éviter qu’ils aillent directement à la déchetterie.

Le vélo, un remède à la crise ?

Face aux difficultés économiques grandissantes liées notamment aux prix de l’énergie, le vélo possède l’énorme avantage d’être un mode de déplacement quotidien (courses, travail, loisirs) très économique, beaucoup plus que la voiture ou encore le deux-roues motorisées. L’atelier peut permettre au plus grand nombre de pratiquer le vélo à un coût réduit : apprentissage de la réparation au prix de l’adhésion, pièces d’occasion, pas de nécessité d’investir dans les outils de réparation, etc.

1 Anthony D. Barnosky et al., Approaching a state shift in Earth’s biosphere, Nature, 2012.